L’Afrique de l’Est connaît une période de profonds changements à mesure que l’économie de la région croît en raison de l’évolution des dynamiques internes et des intérêts extérieurs. La zone maritime de la région est au cœur de ces développements grâce aux investissements engendrés par l’exploration offshore des gisements de pétrole et de gaz ainsi qu’au financement important de nouveaux ports établis pour faciliter le commerce avec les pays du Golfe. En plus de l’aide et des investissements du Royaume-Uni et d’autres gouvernements occidentaux, la Chine et l’Arabie Saoudite financent d’importants projets d’infrastructures et de développement dans la région. Bien que ces développements aient le potentiel de générer des bénéfices économiques, de développement et d’emploi à court terme, l’impact de ces travaux sur le patrimoine submergé et côtier de la région a été négligé.
Les premières recherches sur les littoraux du Kenya, de la Tanzanie, du Mozambique et de Madagascar commence à peine à révéler l’étendue des cultures et des traditions maritimes dans la région ainsi que les preuves d’une activité maritime plus large reliant cette côte à une région plus vaste comme l’océan Indien. La mer en Afrique de l’Est est un connecteur, elle facilite les communications, elle fournit des ressources qui maintiennent la vie et constitue un environnement enraciné dans les systèmes de croyances des peuples côtiers. Pendant des millénaires, cette côte a été intégrée dans des domaines politiques et socio-économiques plus vastes et a été témoin de multiples migrations, invasions et activités commerciales. Les villes portuaires et les villes alentours étaient intrinsèquement liées à un monde maritime plus large, ces territoires constituaient l’une des régions les plus culturellement dynamiques et les plus diversifiées de l’histoire. C’était, et continue d’être, une région en perpétuelle transformation et soumise à une variété de facteurs anthropiques et naturels moteurs de changement.
Les accords de développement tiennent très rarement compte du patrimoine culturel même si l’accès à celui-ci est considéré comme un droit de l’homme fondamental. Les comtés de l’Afrique de l’Est ont actuellement peu de capacités pour protéger ou explorer leur riche patrimoine maritime et, par conséquent, le potentiel socio-économique du patrimoine culturel marin n’a pas encore été exploité. Plus inquiétant, alors que la ressource submergée est affectée par l’exploitation marine, les activités des bateaux de commerce et l’industrie offshore, la ressource côtière est menacée par des travaux de construction et de développement du littoral ainsi que par des changements climatiques et environnementaux, et parfois même par des projets d’énergie verte. Le patrimoine culturel marin (MCH en anglais) est une ressource fragile et limitée qui, une fois détruite, ne peut jamais être récupérée.
Ce projet a pour objectif d’établir et de maintenir un réseau transfrontalier et intersectoriel de chercheurs, d’agents gouvernementaux, de scientifiques, de décideurs politiques, de fonctionnaires des Nations Unies, d’ONG, de professionnels des TIC et de spécialistes du patrimoine, des infrastructures et de l’industrie extracôtière afin de déterminer de quelles manières le patrimoine culturel marin (MCH en anglais) peut engendrer des bénéfices sociaux, économiques et culturels durables dans la région. Le projet a pour but d’identifier de nouvelles opportunités et méthodologies pour la recherche en arts et sciences humaines et d’ajouter de la valeur aux projets d’infrastructures côtières et de développement offshore. Les principaux mécanismes d’engagement seront la coproduction d’un cadre de recherche et de communication du savoir, des projets d’innovation et d’activités d’échange des connaissances.
Les nations du littoral de l’Afrique de l’Est aspirent à se transformer en une passerelle maritime florissante en matière de commerce et d’investissement. Le passé joue un rôle actif non seulement pour amorcer ce développement, mais aussi pour le guider.